L’échec chez les enfants : un tremplin pour grandir

L’échec. Un mot qui fait peur, qui met mal à l’aise. En tant que parents, nous voulons tout naturellement voir nos enfants réussir, être heureux, et avancer sans trop d’obstacles. Alors, quand ils échouent (à l’école, dans un sport, dans un projet) notre premier réflexe est souvent de minimiser, de les rassurer, voire d’éviter qu’ils ne se retrouvent à nouveau dans cette situation.

Mais si, au lieu de considérer l’échec comme un problème, nous apprenions à le voir comme un cadeau? Et s’il s’agissait, en réalité, d’une étape essentielle pour apprendre et grandir? Nous avons le pouvoir d’aider nos enfants à transformer l’échec en opportunité, et à en faire un tremplin plutôt qu’un frein. Pour cela, si nous interrogions d’abord notre propre rapport à l’échec?

C’est ce que nous aborderons dans cet article. Nous verrons aussi pourquoi l’échec est une clé du développement de votre enfant, et comment l’accompagner pour qu’il apprenne à en faire une force.

Déconstruire son propre rapport à l’échec

Pour accompagner nos enfants dans cette transformation, questionnons – nous sur la manière dont notre propre expérience façonne nos réactions. En effet, notre perception de l’échec est souvent héritée des messages reçus durant notre enfance de la part des figures d’autorité (nos parents ou enseignants par exemple).

Identifier ses croyances inconscientes

Pour mieux comprendre votre rapport à l’échec, vous pouvez vous appuyer sur un outil puissant issu de l’Analyse Transactionnelle : les drivers, décrits par Taibi Kahler.

Les drivers sont des messages inconscients que nous avons intégrés dès l’enfance, souvent transmis par nos parents, enseignants ou figures d’autorité. Ils sont souvent à l’origine de nos réactions automatiques et de nos croyances limitantes. Voici les cinq drivers identifiés par Kahler :

  • « Sois parfait » : L’échec est vécu comme une faute impardonnable, ce qui peut entraîner un perfectionnisme excessif et une peur de l’erreur.
  • « Fais des efforts » : L’échec est synonyme d’un manque d’effort, ce qui pousse à s’épuiser à vouloir toujours en faire plus.
  • « Sois fort » : Il est interdit de montrer de la vulnérabilité après un échec, ce qui empêche d’exprimer ses émotions et d’apprendre de ses erreurs.
  • « Dépêche-toi » : L’échec est perçu comme un frein insupportable qui empêche d’avancer rapidement, ce qui peut provoquer frustration et anxiété.
  • « Fais plaisir » : La peur de décevoir inhibe la prise de risques et limite la spontanéité.
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Prendre conscience de votre driver dominant est une première étape pour changer votre regard sur l’échec. Cela vous permettra également d’adopter une posture plus bienveillante envers vous-mêmes et vos enfants.

Un exercice utile consiste à observer ses propres pensées face à l’échec : quel message interne émerge ? En identifiant ces automatismes, on peut progressivement les déconstruire et adopter une approche plus saine de l’échec.

Comprendre l’échec à travers la théorie polyvagale

La théorie polyvagale, développée par Stephen Porges, explique comment notre système nerveux autonome influence nos réactions face à des situations perçues comme stressantes ou menaçantes, y compris l’échec. Lorsqu’un enfant échoue, son cerveau ne fait pas la différence entre une menace physique et une menace émotionnelle : il active automatiquement une réponse physiologique adaptée à ce qu’il ressent.

Les trois états du système nerveux face à l’échec

  1. Mode sympathique (combat/fuite)

    • L’échec est perçu comme une menace, ce qui déclenche une réaction de stress.
    • L’enfant peut se mettre en colère, accuser les autres, ou abandonner brusquement une tâche en rejetant toute aide.
  2. Mode vagal dorsal (figement)

    • L’échec provoque un sentiment d’impuissance et un repli sur soi.
    • L’enfant évite de réessayer, se dévalorise et peut dire des phrases comme « Je suis nul, je n’y arriverai jamais. »
  3. Mode vagal ventral (régulation optimale)

    • L’enfant se sent en sécurité et capable d’analyser son échec avec curiosité plutôt que peur.
    • Il peut réfléchir aux apprentissages tirés de l’expérience et envisager une nouvelle approche.

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L’objectif est de favoriser la sécurité émotionnelle, car c’est dans cet état que l’apprentissage est le plus efficace. Quelques pistes :

  • Adopter une posture rassurante : Être présente physiquement, parler avec douceur et montrer de l’empathie.
  • Valider les émotions : Plutôt que de minimiser (« Ce n’est pas grave ! »), aider l’enfant à verbaliser ce qu’il ressent (« Je vois que tu es déçu. Tu veux en parler ? »).
  • Encourager la curiosité face à l’échec : Poser des questions comme « Qu’as-tu découvert en essayant ? » pour reformuler l’échec en apprentissage.
  • Privilégier l’interaction et le jeu : La connexion avec un adulte bienveillant aide à réguler le système nerveux, donc le stress et encourage à persévérer.

L’échec : un passage obligé pour apprendre et évoluer

L’échec est souvent vu comme quelque chose de négatif, alors qu’en réalité, il est indispensable pour apprendre et progresser. Grâce aux avancées en neurosciences, nous comprenons mieux comment notre cerveau réagit aux erreurs et les utilise pour s’améliorer.

Comment notre cerveau apprend grâce aux erreurs

Notre cerveau est conçu pour s’adapter en permanence : c’est ce qu’on appelle la plasticité cérébrale. Quand nous faisons une erreur, une réaction rapide se déclenche dans notre cerveau pour signaler qu’il y a un décalage entre ce que nous attendions et ce qui s’est réellement passé. C’est comme une alarme interne qui nous pousse à réfléchir et à essayer autrement. Cette capacité d’adaptation permet de renforcer les connexions entre les neurones et de mieux retenir les bonnes stratégies pour la prochaine fois.

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Prenons un exemple simple : un enfant qui apprend à faire du vélo. Au début, il perd l’équilibre et tombe. Son cerveau analyse immédiatement ce qui n’a pas fonctionné et ajuste ses mouvements pour améliorer sa posture et son équilibre. À force d’essais et d’erreurs, il finit par réussir !

Ce que dit la science sur l’apprentissage par l’échec

Les recherches en psychologie et en neurosciences mettent en évidence l’importance de l’échec dans le processus d’apprentissage.

Carol S. Dweck (2006) : L’état d’esprit de développement (« growth mindset »)

Carol Dweck, professeure de psychologie à l’Université de Stanford, a introduit les concepts de « fixed mindset » (état d’esprit fixe) et de « growth mindset » (état d’esprit de développement). Selon ses recherches, les individus avec un état d’esprit de développement croient que leurs capacités peuvent être développées grâce à l’effort, à l’apprentissage et à la persévérance. Cette croyance les rend plus résilients face à l’échec et les encourage à voir les défis comme des opportunités d’apprentissage. À l’inverse, ceux avec un état d’esprit fixe considèrent leurs capacités comme immuables, ce qui peut les rendre plus vulnérables face à l’échec et les dissuader de tenter de nouveaux défis. Dweck souligne que cultiver un état d’esprit de développement chez les enfants favorise leur persévérance et leur réussite académique.

Moser et al. (2011) : Le cerveau apprend mieux en corrigeant ses erreurs

Une étude menée par Moser et ses collègues a exploré comment le cerveau réagit aux erreurs. Les chercheurs ont découvert que lorsque les individus commettent une erreur, une réponse cérébrale spécifique est déclenchée, indiquant une prise de conscience de l’erreur et une opportunité d’apprentissage. Cette réponse, appelée « erreur liée à la négativité » (ERN), est plus prononcée chez les personnes qui voient les erreurs comme des opportunités d’apprentissage plutôt que comme des échecs personnels. Cette étude suggère que notre attitude face aux erreurs influence la manière dont notre cerveau les traite et en tire des leçons.

Ces études soulignent que l’échec, loin d’être une fin en soi, est une composante essentielle de l’apprentissage et du développement. Adopter une attitude positive face à l’échec et encourager cette perspective chez les enfants peut transformer les obstacles en opportunités de croissance et de réussite.

L’échec aide à développer la persévérance et l’adaptabilité

Au-delà du cerveau, l’échec joue un rôle essentiel dans notre mental et notre confiance en nous. Chaque difficulté surmontée nous apprend à gérer la frustration et à ne pas abandonner au premier obstacle. C’est en échouant que nous devenons plus résistants et capables de nous adapter à de nouvelles situations.

Regardons les grands inventeurs ou sportifs : la plupart d’entre eux ont connu de nombreux échecs avant de réussir. Ce qui les distingue, ce n’est pas qu’ils ont évité l’échec, mais qu’ils ont appris à s’en servir pour s’améliorer.

Moralité : Échouer n’est pas un problème, c’est une étape normale et bénéfique du processus d’apprentissage. Ce qui compte, a mon sens, c’est d’apprendre à en tirer des leçons et à continuer d’avancer.

« Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme. »  Winston Churchill

Aider nos enfants à développer un état d’esprit de croissance face à l’échec

Apprendre à bien vivre l’échec est une compétence qui se construit dans le quotidien, à travers des expériences répétées et un accompagnement bienveillant.

Encourager la prise de risque et la curiosité

Plus un enfant ose essayer de nouvelles choses, plus il apprend à gérer ses erreurs et à s’adapter. Pour cela, il est essentiel de créer un climat qui valorise l’expérimentation plutôt que la réussite immédiate. Par exemple :

  • Proposer des défis stimulants adaptés à son niveau.
  • Lui rappeler que l’erreur fait partie du processus.
  • Lui montrer que nous-mêmes, adultes, osons sortir de notre zone de confort.
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L’important est de cultiver un état d’esprit d’explorateur, où chaque tentative, réussie ou non, est une occasion d’apprendre.

Valoriser les efforts et les progrès, pas seulement les résultats

L’un des moyens les plus puissants pour aider un enfant à gérer l’échec est de valoriser son processus plutôt que son résultat. Ce type de renforcement aide l’enfant à se concentrer sur ce qu’il contrôle et non sur des critères extérieurs.

Récemment, mon fils aîné s’est lancé avec enthousiasme dans un projet personnel ambitieux. Pendant des semaines, il y a investi son énergie. Mais après un mois, il a décidé d’arrêter.

À première vue, cela aurait pu ressembler à un échec. Après tout, il n’a pas atteint son objectif initial. Pourtant, en en discutant avec lui, j’ai réalisé que cette expérience lui a apporté bien plus que ce qu’il imaginait. Ce n’est pas un échec, mais une étape de son parcours. Un point de repère qui lui servira pour ses futurs projets. Car grandir, c’est aussi ça : essayer, ajuster, parfois changer de direction, et toujours en ressortir plus riche d’apprentissages.

Partager nos propres expériences d’échecs et comment nous avons rebondi

Les enfants apprennent beaucoup par mimétisme. En partageant nos propres échecs et la manière dont nous avons rebondi, nous leur envoyons le message que l’échec fait partie de la vie.

Cela normalise l’échec et le rend moins effrayant.

Laisser nos enfants résoudre leurs problèmes au lieu d’intervenir tout de suite

Lorsqu’un enfant rencontre une difficulté, notre réflexe est souvent d’intervenir immédiatement. Pourtant, apprendre à trouver ses propres solutions renforce la confiance en soi. Quelques pistes :

  • Lui poser des questions au lieu de donner des réponses : « Qu’est-ce que tu pourrais essayer d’autre ? »
  • Le laisser expérimenter avant de proposer une aide.
  • Accepter qu’il puisse échouer et tirer ses propres conclusions.

S’inspirer des parcours de réussite face à l’échec

Partager des histoires de personnalités ayant connu de nombreux échecs avant d’atteindre le succès est intéressant pour illustrer que l’échec fait partie du chemin.

 Quelques suggestions :

  • Les fables et contes mettant en avant la persévérance (ex. « La tortue et le lièvre »).
  • Les biographies de Thomas Edison, Steve Jobs, J.K. Rowling ou Nelson Mandela

D’autre part, pourquoi ne pas rappeler à nos loulous que dans de nombreux  domaines, l’échec est vu comme un passage obligé. Les chercheurs, par exemple, testent des hypothèses encore et encore avant de trouver une solution.

Le débriefing positif

Après une difficulté, voici 3 exemples de questions que vous pouvez poser à votre enfant :

  1. Qu’as-tu appris de cette expérience ?
  2. Que pourrais – tu essayer différemment la prochaine fois ?
  3. Quel progrès as-tu déjà fait ?

Le journal des découvertes

Après chaque échec, vous pouvez encourager votre loulou à noter trois choses qu’il a apprises. Cela reprogramme son cerveau à percevoir l’échec comme un apprentissage.

En intégrant ces principes au quotidien, nous aiderons nos enfants à développer une relation saine avec l’échec et à grandir avec confiance, autonomie et résilience.

« Pensez comme une reine. Une reine n’a pas peur d’échouer. L’échec est un tremplin vers la grandeur. Oprah Winfrey

Pour conclure

En somme, l’échec est un passage obligé de tout apprentissage. En changeant notre regard sur celui-ci, nous offrons à nos enfants le cadeau suivant : la liberté d’apprendre, d’expérimenter, d’oser, de se tromper, d’en tirer des leçons, et de grandir. 

Alors si, au lieu de redouter l’échec, nous apprenions à le célébrer comme une preuve que nous sommes en train d’apprendre, d’évoluer, de grandir ? Car après tout, les plus grandes réussites sont souvent le fruit d’échecs dépassés avec courage .

D’ici-là, prenez soin de vous et de vos merveilleux loulous 🌸

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